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Cet interview de Guilhem Méric a été réalisé par Génération Ecriture, que nous remercions chaudement ici, et mis à jour avec les nouvelles informations liées à ces derniers mois. Bonne lecture !

Bonjour Monsieur Méric et merci de nous accorder cette interview.

Bonjour à vous et faisons fi d’emblée des formules de politesse. Appelez-moi Guilhem, je ne vous en tiendrai pas rigueur, bien au contraire !

Bien reçu ! En premier lieu, cher Guilhem, comment en êtes-vous venu à l’écriture ?

Tout naturellement car j’ai toujours aimé raconter des histoires. Contrairement à d’autres écrivains, je n’ai pas été un grand lecteur durant mon enfance et mon adolescence, du moins pas en ce qui concerne de vrais livres, au grand désespoir de ma mère qui était professeur de lettres. Non en fait, j’ai surtout dévoré des centaines de BD, essentiellement des comics Marvel qui ont eu le mérite de développer mon imaginaire. Ainsi jusqu’à l’âge de 18 ans, j’ai réalisé un certain nombre de BD, persuadé que je ferai un jour carrière dans ce domaine. Je n’étais pas trop mauvais en la matière mais j’ai fini par m’en lasser. Le processus était trop long à mon goût, et j’avais tant à raconter ! J’ai donc progressivement abandonné le dessin et me suis consacré à la musique.

Comme vous voyez, mon parcours a été plutôt chaotique et il a fallu attendre ma découverte de Stephen King, puis de Graham Masterton et Anne Rice, pour me donner à la fois le goût de lire des romans et celui d’en écrire à mon tour. J’ai ainsi accouché de mon premier livre à compte d’auteur, intitulé La Conjuration des Sept, une sorte de polar fantastique et régional qui tournait autour de l’abbaye restaurée par mon père, et d’une malédiction de sept amis obligés de faire face à une créature millénaire.

Quelles sont vos sources d’inspiration et comment est née la saga Myrihandes ?

Ce sont justement mes sources d’inspiration qui, mêlées les unes aux autres, ont fait naître en moi l’idée de cette saga. Comme je le disais plus haut, j’ai toujours été attiré par l’image et suis longtemps resté un cinéphile bien plus qu’un littéraire. Du coup, j’ai été grandement influencé par le septième art, notamment grâce à mon parrain, seul et unique artiste de la famille, qui m’a fait découvrir de véritables trésors.

Dark Crystal, en particulier, a été une véritable révélation pour moi. Cet univers hors du temps, empreint de poésie, de nature et d’une certaine innocence m’a proprement fasciné. Il y avait déjà dans cette œuvre la notion d’être divisé qui m’a probablement influencé dans ma propre histoire… Et puis bien sûr la saga Star Wars, première du nom, dont j’ai été un fan inconditionnel. Et un peu plus tard celle du Seigneur des anneaux, qui reste à mes yeux LA saga de tous les temps, tant d’un point de vue littéraire que cinématographique.

La fantasy m’a intéressé sur le tard, mais j’y ai trouvé le style de narration et d’univers qui me permettrait de raconter l’histoire que je voulais. Une chose était certaine : je voulais sortir des sentiers mille fois battus par des auteurs bien plus illustres et doués que moi. Ne pas écrire une énième histoire de grand guerrier ou de puissant magicien entouré d’elfes, de nains et de dragons. Or l’idée des âme-sœurs me séduisait depuis longtemps, sans doute parce qu’elle répondait à une histoire personnelle, et j’ai pensé qu’il serait intéressant de mêler l’univers philosophique de la pensée platonicienne à celui de la fantasy. D’autant que cela me permettait de situer l’histoire ailleurs qu’au Moyen-Âge.

Je salue au passage la chanteuse québécoise Claire Pelletier, dont le titre le discours d’Aristophane a créé le premier déclic en moi il y a déjà plus de vingt ans.

Vous dessinez et composez des pièces musicales également. Pour vous, ces arts ont-ils des similitudes avec l’écriture et si oui, dans quelle mesure ?

C’est vrai, il y a des points communs et l’essentiel, pour moi, est celui qui consiste à raconter une histoire. Qu’il s’agisse de BD, de comédies musicales ou de romans, on est d’abord là pour suivre des personnages, une intrigue et véhiculer des émotions. La musique a ceci de particulier qu’il s’agit souvent d’un travail d’équipe et qu’elle permet de toucher les gens plus directement. Notamment sur scène, où l’on donne et reçoit instantanément les émotions. Alors que le travail d’écrivain ou d’illustrateur, lui, est un travail solitaire, où la rencontre avec le public ne se fait que bien après l’ouvrage terminé, sur des salons, dans des librairies ou d’autres manifestations littéraires. Je crois d’ailleurs que c’est la raison qui m’a poussé tantôt vers l’écriture, et tantôt vers la scène : le goût du contact. Et bien sûr le plaisir d’élargir la palette de mes créations artistiques.

Votre saga Myrihandes va au-delà des seuls romans, n’est-ce pas ? On voit déjà beaucoup d’illustrations qui lui sont affiliées ainsi que des compositions musicales. Quels objectifs poursuivez-vous avec ce projet ?

Je suis déjà très heureux d’avoir donné vie aux romans et j’ose toujours espérer qu’après l’étape de l’édition indépendante, ils auront droit à une seconde vie chez un éditeur digne de ce nom. C’est un espoir d’autant plus vif qu’en effet, la saga renoue depuis quelques mois avec des ambitions d’adaptation audiovisuelle.

Tout est parti d’un coup de fil de mon ami Jeffrey Mpondo, chanteur et musicien, rencontré au Festival de Cannes en 2015. Je le savais amoureux de cette histoire, qu’il a soutenu tout le long des campagnes de crowdfunding que j’ai supervisées pour financer la publication des trois tomes, des albums de musique originale et de l’Artbook. Ce que j’ignorais, c’est qu’il était en relation avec certains professionnels issus du monde audiovisuel et que son enthousiasme à parler de la saga aurait tant d’impact.

En effet, nous avons commencé à réunir une petite équipe internationale autour du projet d’adaptation de Myrihandes (renommé Meerhins en anglais) et avançons doucement mais sûrement vers sa production. Pour cela, j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer une partie de l’équipe à Stettin en Pologne et nous travaillons sur l’écriture d’un script. Le but de cette première partie du travail étant de produire un “short movie” afin de présenter le projet au Cannes Series en avril 2023. Il y a beaucoup de travail en perspective, mais ce rêve que j’avais au coeur depuis 2005 de porter cette grande épopée à l’écran a peut-être aujourd’hui une chance de se concrétiser.

Votre roman a une dimension à la fois épique, tragique et fantastique. Est-il difficile de s’inscrire dans ces trois registres qui ont leurs figures de proue et des lectorats très divers ?

L’essentiel est de suivre sa propre vision, de ne pas se laisser phagocyter par celle des autres. C’est aussi pour cela que je ne lis pas trop de fantasy. De toute manière, cela m’est difficile durant les périodes où je suis moi-même en train d’écrire. J’ai lu quelque part que l’on considère Myrihandes comme un mélange entre les univers d’Harry Potter et du Seigneur des Anneaux, ce qui bien entendu m’a flatté mais aussi fait sourire. A vrai dire, je connais bien mieux les récits d’Homère, et la Guerre de Troie, par exemple, a sans doute influencé plus qu’on imagine les aventures de mes personnages et la construction du récit. C’est sans doute aussi pour cela que l’on y retrouve ces dimensions épiques et tragiques dont vous parlez.

Des projets ?

Toujours. Avant tout le premier spin-of de Myrihandes, Le Long Voyage de Farf, qui va raconter les aventures de ce personnage très apprécié des lecteurs de la saga. L’histoire se situera avant les événements de la saga et sera totalement indépendante de celle-ci. Les éditions Milan sont intéressées par le manuscrit et nous travaillons ensemble sur certains développements du récit. C’est très excitant. Je commence également à penser à un second spin-of, centré celui-ci sur le personnage de Morlhed, deux mille ans avant l’époque où on l’a connu dans la saga en tant que bras armé du seigneur de Doldometh.

Par ailleurs, je travaille sur un tout autre projet, un roman d’anticipation intitulé Les Liens du Temps, en coécriture avec mon amie Chloé Pagès. On a mis près de six mois à développer l’univers et les personnages de cette histoire très complexe qui voyage des années 70 à l’aube de 2100 et va explorer les évolutions du monde à travers la vie de cinq personnages reliés par un carnet. C’est un énorme casse-tête à écrire mais on a bon espoir d’en faire un ouvrage fort et totalement original.

Vous risqueriez-vous à donner un petit conseil à des jeunes qui écrivent ?

Comme le disait Al Pacino dans l’Associé du diable, “ il n’y a rien de plus pervers qu’un conseil. ” Les miens seront naturellement dictés par ma seule expérience. Mais je sais qu’il faut avant tout être armé d’une solide détermination, et avant de se lancer dans l’écriture d’une histoire, se poser les bonnes questions : à qui est-ce que je m’adresse ? Est-ce que mon idée, mon sujet a déjà été traité par d’autres et de quelle façon faire différent ? Comment mes personnages évoluent eux-mêmes au fil de l’intrigue ? Est-ce que mes coups de théâtre fonctionnent ? Est-ce que tel ou tel chapitre est nécessaire ?

En cela, la lecture d’ouvrage sur l’écriture de scénario peut s’avérer très utile. Je pense également au formidable ouvrage de Joseph Campbell, Le Héros aux mille et un visages, que je recommande chaudement aux apprentis écrivains. Très utile pour apprendre comment se construisent une histoire et la psychologie des personnages, en évitant de tomber dans le piège des clichés et des stéréotypes.

Et puis enfin, faites preuve de patience, de combativité, d’originalité aussi. N’oubliez pas que les éditeurs reçoivent des centaines de manuscrits par an et que personne ne vous attend. Provoquez les rencontres, sachez trouver le bon timing dans vos relations avec les professionnels de l’édition, rappelez-vous régulièrement à leur bon souvenir sans les harceler. Les salons, pensez-y, sont d’excellents endroits pour faire des rencontres parfois capitales. Et enfin, croyez en vous !

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